Un match terrifiant

La sensation au matin était étrange. Je m’étais réveillée tôt trop nerveuse depuis la réception de ce lovematch par l’application. C’était la première fois et je ne savais pas trop comment réagir. Si cette personne était la bonne, elle pourrait surement me sortir de mon enfer. Si elle ne l’était pas, elle ne serait surement pas assez compréhensive pour avoir de l’empathie envers ma situation. Ce n’était pas quelque chose que je criais sur tous les toits («HEY! Je suis une catin dans une maison close, tu veux sortir avec moi?» ) Ce rendez-vous me rendait anxieuse, plus que d’habitude. Moi qui étais si calme et douce avant, aujourd’hui j’était une vraie petite boule de nerfs. Je ne savais pas quoi porter. Je n’avais rien dans ma garde-robe pour… séduire un homme, enfin si de la lingerie, mais une vraie robe pour une vrai rendez-vous amoureux, ça … NON. J’avais des paires de jeans et des chandails, mais c’était à peu près tout. Sous mon lit, dans une boîte, je gardais les sous qu’ils nous permettaient de garder. Un petit pourcentage de chaque client. C’était leur façon de nous garder dans le droit chemin et nous acheter de nouvelles choses. Du maquillage ou de nouvelles tenues pour les clients. Ils pouvaient très bien nous retirer ce privilège si on faisait quelque chose de mal. Ma voisine de chambre par exemple, n’a pas la permission d’avoir un téléphone (avec appel unique vers le patron en cas de problème ou encore pour discuter avec des filles potentielles et gagner leur confiance), elle n’avait aucune permission de sortie, et elle ne gardait aucun montant d’argent après un client. Elle avait été rebelle et avait… le patron dingue. Cela n’avait pas été joli, mais l’exemple qu’elle avait porté avait reflétée sur toutes les autres filles.

En me rendant à ce rendez-vous anonyme, je commettais l’une des plus graves erreurs que l’on ne pouvait pas commettre. Il s’agissait d’une trahison et je risquais de tout perdre à cause de cela. Je risquais de ne plus pouvoir m’asseoir pendant des jours entiers. Est-ce que ça en valait vraiment la peine? OUI! Je voulais reprendre peu à peu le contrôle sur ma vie. Après 3 ans de loyaux services j’avais mérité le droit à quelques sorties par moi sans escorte. C’est-à-dire, sans qu’un garde m’accompagne. Elles devaient être consignées dans un cahier et gérer par l’un des bras droits du patron. Si l’une de ses sorties ne se passaient pas correctement, je pouvais dire adieu à tout ça. Ils ne pourraient savoir où je suis sauf, s’ils traquaient mon téléphone que je devais avoir en permanence sur moi. Je sortis l’argent de sous mon lit et en fit le total. J’avais économisé 150 euros en faisant bien attention à mes choses. J’alternais pour pas les user trop rapidement, je n’utilisais pas beaucoup de maquillage voulant offrir la pureté à mes clients.

Ils m’avaient eues pure à l’époque et c’est ce qui avait fait pas réputation. Le premier avait passé le mot qu’une presque vierge était là. (je dis presque vierge, car c’était lui le premier) Plusieurs étaient venus et avaient aimé mon air plus rebelle, pur et juvénile. Depuis, je ramenais beaucoup d’argent à la maison close et j’avais recrutée plusieurs des filles. Pas que cela m’amusait de faire cette tâche au contraire, mais je n’avais pas le choix si je voulais rester dans les bonnes grâces.  

Bref, Une fois habillée d’un jean et d’un chandail, je me rendis à l’accueil pour les avertir de ma sortie et que je ne rentrerais pas trop tard. C’était ma journée de repos, tout le monde en avait besoin. Si non on ne serait plus d’utilité pour eux. Alors, la date de ce rendez-vous tombait à merveille. Une fois sortie de ce bâtiment aux allures chic et bien entretenu, je me dirigeai vers l’arrêt de bus le plus proche. Je me rendis au centre-ville pour aller dans un magasin. J’avais 150 euros pour m’acheter la plus belle tenue qui soit. Après de longues minutes de farfouillage, je trouvai une longue robe aux motifs fleuri qui laissait transparaitre un peu de peau, mais pas trop et qui me donnait un air très doux. Je regardai le prix et elle coutait juste un peu sous mon budget, alors c’était parfait. Je payai et sortie de ce magasin. Je passai le reste de la journée à lire dans un café et à prendre cela relaxe. Je devais arrêter de sursauter à rien, avant de rencontrer cet homme mystérieux.

De longues heures étaient passées et je n’en pouvais plus. Je sortie du café et me rendit encore une fois à l’arrête bus. Mais cette fois ci, il me rendrait à Charlottebeurg, plus précisément au château où le rendez-vous avait lieur. La lumière du jour s’était tamisée et offrait un magnifique couché de soleil. Je trouvai un endroit pour me changer et me coiffer rapidement et me dirigeai vers les jardins qui nous avaient été réservés. C’était magnifique et cela me rendait émue. Il y avait longtemps que je ne m’étais pas sentie belle, dans un si unique endroit.

Je frémissais à l’idée de rencontrer ma date inconnue. Un homme pour sûr, mais qui … et comment était-il cela je l’ignorais. Mais je n’allais pas tarder à le savoir. Je commençais à voir un homme approcher, peut-être que c’était lui… Sa carrure carré et imposante me semblait de plus en plus familière. Trop familière. Cette carrure qui m’effrayait et m’intimidait. Je ne savais pas si je devais rester en place ou bien tenter de partir en courant. Mais si c’était celui à qui je pensais, je n’allais pas tarder à avoir des problèmes. Si c’était lui, lui qui m’imposait ce métier chaque jour et lui qui m’avait retiré de ma vie en Écosse, … avaient-il traqué mon téléphone? Avais-je commis une erreur? Oh mon dieu, j’allais mourir ici ce soir.

«Vous?  Mais… Je… Vous… Je ne comprend pas….» dis-je les jambes molles et effrayée.

Et si c’était lui ma date?  Et si l’application nous avaient mis ensemble? Cela voulait-il dire qu’il avait un cœur? Qu’il avait un côté romantique? Mais comment allait-il prendre ma présence en ces lieux? Allait-il le prendre comme un signe ou comme une trahison?  Tout ce bousculait dans ma tête et je ne pouvais plus bougée, j’étais figée dans cette magnifique robe… que j’avais espérer porter pour l’homme de ma vie. Mon sauveur.

«Ne m’en voulez pas, je vous en prie.»